alex phill hellmuth FINI y_y

L’un sans l’autre, c’est un incendie. Un incendie de folie, qui gagnait du terrain à chaque second passé aux côtés de T, car J sentait venir la fin, le moment où il devrait se séparer de cette présence incendiaire. Et nocif. J avait toujours sa main sur l’épaule de T. Sans qu’il puisse l’expliquer, il avait envie de resserrer sa prise, d’essayer de lui faire mal simplement pour qu’il ressente ce que J ressentait lui-même. Et encore, cela aurait été ridicule. Car ce n’est pas simplement une douleur physique que J ressentait. Mais une douleur morale, une douleur totale qui voulait faire de lui un simple pantin au service de ses émotions. Il voulait lui faire mal, ce n’était que la simple récompense de toute la souffrance qu’il causait. Mais il se retourna. Le contact fut brisé. J respira. Regard.

T - Tu ne penses donc à rien.

Détrompe toi, encore une fois. Car si les sentiments et les émotions de J fulminaient et explosaient, menaçant à chaque instant de prendre le contrôle, ses idées étaient bien aux claires. J savait qu’au fond, le perdant se serait lui. S’il continuait, s’il persistait à vouloir se cogner à un mur, il en souffrirait. S’il décidait plutôt de se détourner, il porterait encore en lui les séquelles de cette rencontre fatale. Si, il pensait, et tout était en contradiction ; ses émotions qui lui dictaient de continuer, sa conscience qui lui conseillait de fuir. J savait très bien quel chemin prendre ; celui de la liberté. T passait ses mains dans les cheveux, fronçant les sourcils ; J ne put s’empêcher de sourire. Pour T aussi, c’était dur, quoi que, plus en fouillis. Non. La main de T passa sur les lèvres de J. Une nouvelle détonation de sensations. Bien plus mortel que toutes les drogues ; que faire ? J se contenta de déposer un baiser très discret sur ce pouce qui fuyait déjà sa bouche pour revenir au même endroit qu’il y a quelques minutes, sur sa joue enfiévrée. Seconde détonation. Qui ne sema plus la discorde en J. Mais qui réfuta son idée de fuir maintenant. Car c’était la meilleure option, pour T et pour J.

T - Tu ne comprends pas ? Ce sera toujours comme ça. Tu as envie de moi et ces putains d'envie qui m'emplissent me montrent que moi aussi. Et c'est insupportable. J'aimerais – mais, non.

C’est bien pour cela que je vais tout arrêter. Fuir. Loin. Soudain, T s’avança de J et l’étreignit. Une troisième détonation, plus lourde en conséquence que les autres. J s’agrippa à T, d’une manière la plus subtile possible, mais suffisamment fort pour faire durer la sensation d’extrême confort qu’il avait dans les mains du professeur. J savait que tout cela était dangereux. Encore quelques secondes, et tout rebasculerait. Non, il ne faut pas. Il ne faut plus de contact. T semblait l’avoir compris, et il se détacha de l’étreinte, mais resta toujours dangereusement proche. J ferma les yeux, c’était la meilleure des façons pour ne pas succomber. La main de T se reposa sur sa joue. Bang … Les lèvres de T frôlèrent celles de J d’une rapidité déconcertante. Il était trop tard. J voulait résister à ses émotions, mais pourquoi renier une intensité telle qu’il n’en avait jamais ressentit ? T se dégagea, et J fit son choix, avant l’heure. Il déposa une baiser dans les airs, à l’endroit même où les lèvres de T se trouvèrent quelques instants auparavant.



T s’en allait. J avait ouvert les yeux et sans qu’il ne su pourquoi, il le suivit, car il le fallait. Il le fallait, ne chercher pas pourquoi, c’est comme cela. J était aimanté, alors J suivait machinalement, poussé par ses sentiments, alors que son fort intérieur lui criait de revenir à la raison. Il s’arrêta. Oui, il fallait revenir à la raison. Le suivre, fuir. J se sentait doucement rebasculé dans les tourments de son cœur. Attendre, il le fallait.

T - Ca ne va pas marcher si on continue comme ça. La souris et le chat c'est vieux jeu. Ecoute, je ne peux pas t'offrir ce que tu attends de moi. Crois-moi, ce n'est pas manque de volonté, c'est un interdit, c'est non. Si tu peux accepter d'être avec moi malgré ce non définitif et immuable, alors on peut faire le chemin jusqu'à la Grande Salle ensemble. Sinon on le fera de manière séparée. Viens.

Viens. J rejoignit T, car il l’avait demandé. Il n’y avait plus rien, sauf T devant lui.

T - La croisée des chemins.

J rechuta dans la réalité, et T lui confronta à ce choix terrible qui le tourmentait. J avait fait son choix, mais il ne pouvait pas simplement fuir, tout laisser. Il avait embrassé les airs, à l’endroit où les lèvres du prof se trouvaient, simplement pour lui dire adieu. Mais pourquoi était il si magnétisé ? Hypnotisé, si simplement ensorcelé ? J regarda les deux chemins qui s’offrait à lui ; l’un qu’il emprunterait avec T, l’un qu’il emprunterait seul. L’un qui serait en simple concordance avec ses sentiments. L’un qui serait en négation avec ce que J ressentait. Se mentir à soi même ? Souffrir, dans tous les cas.

J – À droite, comme à gauche, je vais souffrir, vous le savez bien. Est-ce que je dois me mentir à moi-même, et aller à droite ? Où est-ce que je dois simplement suivre mes pulsions ? Dans les deux cas, je vais souffrir, car je me cognerais à un mur si je vais à gauche, et si je vais à droite, je me consumerais à petit feu. Vous, où la liberté.

L’un à ses idées et l’autre ses ailes, alors les séparer devient criminel. J alla à gauche.

bloody mary << en rouge ça gère.